Ouzbékistan - Boukhara

Depuis notre avion à moitié vide, nous survolons des immensités de déserts.

A 6h45 nous atterrissons dans la ville la plus sainte d'Asie Centrale, Boukhara. Capitale de l'État samanide aux IX et Xème siècle, elle tomba aux mains de Genghis Khan puis devint, sous les Chaïbanides ouzbeks un centre névralgique de la route de la soie. Elle comportait un très grand marché avec plusieurs dizaines de caravansérails pour accueillir les commerçants, et une centaine de madrasa (écoles coranique) accueillant plus de 10 000 étudiants !

L'aéroport est minuscule, nous sommes le seul vol de la journée. Le passage à la douane est rapide.

Arrivés dans notre guesthouse à 8h, nous nous écroulons de fatigue et nous réveillons péniblement à midi.

L'heure pour nous de trouver de quoi manger et d'aller faire un petit tour dans la vieille ville. Il fait presque 40 degrés et les rues sont désertes ; nous sommes en basse saison. Nous avons de la chance ; il faisait 48 degrés la semaine dernière et il fera 42 dans quelques jours. Pour nous, les températures se sont stabilisées entre 35 et 39 degrés.

Arriver dans la ville par la place Liab-i-Haiz nous plonge immédiatement sous le charme et la poésie du lieu. La place est construite autour d'un bassin (il y en avait 200 en activité il y a 100 ans ! Mais les maladies transmises par les cigognes qui s'y abreuvaient ont sonné la fin de leur utilisation ; il en reste moins de 10 aujourd'hui) et bordée par des muriers centenaires qui procurent une ombre fort bienvenue l'été !

La place est entourée de madrasa, et notamment celle de Nadir Divangebi, originellement un caravansérail mais prise pour une madrasa par le khan ; réputé infaillible et n'osant le contredire, l'édifice fut appelé madrasa malgré la représentation sur la façade d'un soleil à visage humain.

Une autre madrasa borde la place ; elle fut édifiée en 1569 et devint plus tard le premier cinéma de Boukhara, et ensuite un lieu de garnison pendant la seconde guerre mondiale pour les soldats.

À l'ouest de la place un grand dédale de petites ruelles et de boutiques marchandes offre parfois un bazar couvert par une coupole et ouvert aux 4 vents, permettant la circulation de l'air et une pause à l'ombre bien nécessaire ! Il en reste 3 aujourd'hui, reliés par les anciens marchés aux herbes, aux épices, aux couteaux et aux chapeaux.

Certains monuments ont été enterrés dans le sable pour éviter la folie destructive de Genghis Khan, et ont pu être conservés jusqu'à aujourd'hui. C'est le cas de la plus vieille mosquée d'Asie centrale, l'endroit le plus sacré de la ville. Entre les minarets, son architecture reprend les représentations de la Torah (les juifs y faisaient leurs ablutions) et des moulins de prière des bouddhistes, la mosquée ayant été construite sur un temple bouddhique. Ce secteur, comme une grande partie de la ville, est en pleine rénovation. De grands travaux ont lieu.

Toujours plus à l'ouest, le minaret Kalon, symbole de la ville, fut épargné par Genghis Khan tellement il fut stupéfait par ce monument de presque 50 mètres de haut. Magnifique de jour comme de nuit !

On y trouve la mosquée Kalon qui y est adossée ainsi que la madrasa Mir-i-Arab, actuellement en rénovation et plus grande madrasa du monde actuel.

Toujours plus à l'ouest, l'Ark, citadelle spectaculaire et plus vieil édifice de Boukhara qui fut habité jusqu'à son bonbardement intense par l'armée rouge en 1920.

Non loin, le mausolée Ismaïl Samani, plus vieux monument musulman de la ville, construit en briques de terre cuite.

A 100m de notre guesthouse, le Tchor Minor, adorable petit édifice inspiré du Taj Mahal, photogénique à souhait !

Plus loin du centre ancien, la résidence d'été du dernier émir de Boukhara, Alim Khan. Son palais, inspiré de l'architecture russe et d'Asie centrale, est situé dans un petit havre de paix, le jardin des Étoiles et de la Lune qui accueille une trentaine de paons. Devant le harem, un grand bassin où se baignaient les concubines.

Nous avons pu goûter les plats typiques ouzbeks, le petit déjeuner, le plov, un mets traditionnel à base de viande, de légumes, de riz et d'épices, et du lagman, une sorte de plat de nouilles épaisses avec un bouillon de viande et de légumes, souvent épicé.

Délicieux !

On a aussi goûté au PQ ouzbek, qui ressemble fort au papier de verre : on déconseille fortement 😅 !

Quelle entrée en la matière que commencer l'Ouzbékistan par Boukhara ! La ville a un charme fou, petite et adorable à souhait, magnifiquement conservée ! Déserte et aride la journée, elle s'anime le soir. Les familles ouzbeks viennent profiter de la fraîcheur et des tas de petits vendeurs donnent à la ville un air de fête foraine des années 80.

C'est conquis que nous quittons la ville pour une voisine, d'une bien plus grande envergure !