Ouzbékistan - Samarcande
- hmargaux
- 14 juil.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 août
Fin de notre étape boukhariote, il est temps pour nous de prendre le train ! C'est à bord de l'Afrosyab, qui n'a rien à envier à nos TGV (clim, très grande place pour les jambes et vendeurs de glace à bord) que nous partons vers Samarcande.

Ah Samarcande ! Ce nom fait rêver n'est-ce pas ? Rien n'évoque plus la route de la Soie que Samarcande. Tamerlan, premier chef de la dynastie des Timourides, a passé sa vie à faire la guerre et à étendre son empire, embellissant sa capitale par des monuments tous plus sublimes les uns que les autres.

Nous devions là aussi visiter la ville avec un guide francophone mais 3/5 membres de la famille ont été victimes d'une intoxication alimentaire, passant la première journée....au lit. Pendant que je faisais mes 10km quotidiens seule dans la ville, sans personne pour me tirer le tee-shirt en me disant "il m'a dit que j'avais un crâne d'œuf"/"oui mais elle a déjà commencé en me disant "gros tacos", en me répétant pour la 60ème fois j'ai faim/j'ai soif/c'est encore long ?/il fait vraiment trop chaud. La tourista a parfois du bon 😆
J'ai même pu passer la matinée en tête à tête avec ma petite, qui ne se rappelait plus être tombée de son lit à 3h du matin, pile quand je me rendormais après le vomi de son frère. M'enfin, ce fut un chouette moment où elle a pu me demander à voir la dame morte du mausolée (Bibi Khanoum, l'épouse chinoise de Tamerlan), elle a pu aussi profiter de ce temps long avec sa maman pour m'énumérer le nom des 30 paons vus au palais d'été de l'émir de Boukhara (bon, ils s'appellent tous Sylvie).
Vu qu'elle était en pleine forme à 8h après s'être endormie à minuit, j'ai tenté de l'épuiser un max en la ramenant au Registan la nuit tombée. On a eu droit à un spectacle son et lumière au milieu de milliers de personnes, sur cette même place déserte quelques heures avant. Elle m'a confié qu'elle serait triste de pas avoir ses doudous quand elle serait morte au cimetière, je lui ai dit que ça serait dans longtemps, ce à quoi elle m'a répondu que j'étais vraiment une guignole. Je passe toujours des bons moments avec cette enfant !


Samarcande donc, étape clé de la route de la Soie, au carrefour des routes de la Chine, de l'Inde et de la Perse, attirant négociants et artisans et fut peuplée par les arabes, les perses, les Turcs, les mongols...un sacré mélange de cultures !
Mais Genghis Khan passa par là...et rasa tout en 1220.
L'histoire aurait pu s'arrêter là mais Tamerlan décida de faire de Samarcande sa capitale et passa 35 ans à façonner cette mythique cité, devenant l'épicentre économique et culturel de l'Asie centrale.
Boukhara fut ensuite préférée par les Chaïbanides ouzbeks, et les tremblements de terre successifs firent de Samarcande une ville abandonnée. Elle fut ressuscité par l'emir de Boukhara, qui la repeupla de force, puis par les Russes qui la relièrent à l'empire russe par le train.
Voilà pour le cours d'histoire !
Passons aux choses sérieuses : les photos, et quelques explications. Nous avons demandé à notre guide de décaler la visite au lendemain, et celui-ci nous a dit oui sans problème. Mais il y avait bien un problème le lendemain : le guide avait le mariage de sa nièce et ne pouvait pas être disponible. Ce fut un mal pour un bien, car au final Billie fut la seule à ne pas être malade, et nous n'aurions pas tenu le rythme soutenu d'une visite avec un guide. Nous avons donc traîné nos corps lourds et fébriles aux 4 coins de la ville pour admirer les nombreux sites qui font la renommée de Samarcande.
Le tombeau du Roi vivant, ou Shah-i-Zinda, est un émouvant ensemble de mausolées bâtis autour d'une ruelle. Tous sont somptueux, richement décorés ou sobrement édifiés en briques de terre cuite. Y reposent plusieurs femmes de Tamerlan ainsi que sa sœur et d'autres proches






Bibi Khanoum ensuite, donc la femme de Tamerlan qui fit construire cette mosquée pour faire une surprise à son mari en revenant de ses voyages guerriers. Mais l'architecte tomba fou amoureux d'elle, et exigea un baiser pour terminer les travaux. Tamerlan le sut, il fit assassiner l'architecte et ordonna que les femmes soient désormais voilées pour éviter de tenter les hommes.
Cet ensemble majestueux est inspiré de son voyage en Inde, et certains éléments sont en marbre, grande innovation à l'époque puisque la majorité des bâtiments en Asie centrale sont en brique, crue ou cuite.






Le mausolée de Tamerlan, Gour Emir, est un véritable palais des milles et une nuit, incroyable de finesse dans les peintures et les détails intérieurs.
Les corniches de muqarnas (ces éléments décoratifs en forme de nids d'abeilles, typique de l'architecture islamique) sont en marbre et le dôme azur est cannelé, lui donnant des reliefs différents selon les heures de la journée.
Son petit-fils Ulugh-Beg y repose également.







Enfin, le Registan, ensemble majestueux de madrasa, est le joyau de la Ville et sûrement le site le plus connu d'Asie centrale. Préservées par Genghis Khan, elles ont été incroyablement restaurées.

La madrasa Ulugh-Beg, du nom du petit-fils de Tamerlan, fut bâtie en 3 ans seulement et achevée en 1420. Les étoiles du portail reflètent l'amour d'Ulugh-Beg pour l'astronomie. Placé par son grand-père comme sultan de Samarcande,
il délaissa les affaires politiques au profit de l'astronomie, porta très haut le flambeau des sciences arabo-musulmanes avant que celles-ci ne s'éteignent sous les coups de l'obscurantisme.
Son grand-père Tamerlan fit déporter à Samarcande tous les savants, lettrés et artisans ; Ulugh-Beg, incroyablement doué dans toutes les disciplines de l'esprit, de l'astronomie aux mathématiques en passant par la musique, la poésie et la calligraphie, fit construire 3 madrasa dont celle-ci, la plus grande.
Sous son règne, une véritable renaissance scientifique et culturelle battit son plein. Bien que musulman pratiquant, Ulugh Beg était farouchement opposé à toute forme de dogmatisme, comme en témoigne l'inscription qu'il fit apposer sur le fronton de son Observatoire : « Les religions se dissipent, telle la brume du matin. Les royaumes s'effondrent, telle la dune sous le vent. Seule la science s'inscrit dans le marbre de l'éternité ».



Les étudiants venaient de tout l'Orient pour bénéficier des enseignements des grands savants de Samarcande. Quelle émotion quand on foule les cellules de cette madrasa !
Les autres madrasa ont été construites plus tard ; celle de Tilla Kari possède une mosquée finement décorée de bleu et d'or pour symboliser la prospérité de Samarcande.



Malgré notre gros coup de fatigue, nous avons puisé dans nos forces pour nous imprégner de l'histoire unique de Samarcande et plonger dans l'univers des palais des mille et une nuit.


Une dernière nuit ici et nous partons demain pour un nouveau pays, où nous allons nous éloigner des villes pour savourer un peu le calme (et la fraîcheur) des montagnes.
Des édifices de toute beauté! Ça fait rêver...
Merci, quelles belles découvertes….histoires tout aussi extraordinaires que l’architecture!!
Récupérez bien, la suite est prometteuse!
Splendide! Qu'elle beauté !
Bon rétablissement à tous!
Extraordinaire ! Merveilleux !
Sensationnel ! Merci 😘