Ouzbékistan - Vallée de Ferghana (Kokand, Rishtan, Marguilan, Khanabad)
- hmargaux
- 21 juil.
- 8 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 août
Tuychikul nous ramène à la frontière. Nous admirons une dernière fois les montagnes du nord de Tadjikistan, en silence. A la frontière, il nous prendra chaleureusement dans ses bras en nous souhaitant bonne chance pour la suite. Nous sommes touchés et émus, mais bien vite nous repassons dans le monde rigide et policé de la douane.

Il est 10h30, il fait déjà très chaud et le poste-frontiere nous semble étiré sur des kilomètres. Nous avons droit au désormais fameux "France ? Killian Mbappé !", et côté ouzbek une dizaine de chauffeurs nous entoure (nous oppresse) pour tenter de gagner la course d'1h15 jusqu'à Samarcande. Arrivés à la gare, nous sommes attirés par le salon VIP ; il est 13h, il fait plus de 40 degrés et nous avons 12h à attendre pour notre train de nuit. 17€ pour rester au frais, au calme dans des grands canapés pendant 12h ? Certains choix sont évidents.

Je m'échappe quelques heures avec mes grands pour aller visiter l'observatoire d'Ulug-Beg.

Quelle histoire ! Son quadrant de 30m, conçu pour observer la position des étoiles, était un des éléments de l'observatoire de 3 étages qu'il avait fait construire dans les années 1420 !

Aujourd’hui, il ne reste plus de l’observatoire qu’ un arc de 11 mètres qui constituait la partie inférieure du sextant, dont les bordures sont recouvertes de marbre et graduées en degrés et minutes.

Et quelle civilisation incroyable que nous connaissons pourtant si peu.
Je ne connais rien et je ne comprends rien à l'astronomie mais j'ai une passion infinie pour ces gens qui se passionnent pour les étoiles. Il y a quelque chose de poétique dans ces recherches qui touche au sublime ; nous sommes quoi nous, pauvres humains, face à l'immensité de l'univers ?

On retrouve rapidement nos marques, on reprend des ruelles connues, j'en profite pour faire des petits achats, et on repart dans notre salon VIP à la gare.

Encore 6h à attendre....on va faire quelques courses, on mange, on dessine.


Puis vient enfin l'heure du train ! 1h30, le train n'est toujours pas là, Billie n'en peut plus et s'endort sur un banc.

Et puis enfin le voilà.

On montre nos tickets mais le contrôleur les regarde longuement, un par un, nous regarde, se dirige vers ses collègues, nous demande de venir. On comprend qu'il y a un problème. Soudain tout s'éclaire ; il y a quelques heures je m'étais étonnée de voir "départ et arrivée 18 juillet" sur le ticket, et en effet, nous sommes le 19. Notre train était prévu la veille ! Évidemment personne ne parle anglais. Le train va bientôt repartir et le contrôleur nous regarde mi-moqueur, mi-satisfait. Je lui dis ok bon on va repayer et on peut monter svp ? Il fallait me voir gesticulant sur le quai pour essayer de me faire comprendre, mais le contrôleur douche mes espoirs : le train est complet. Damien me dit allez c'est pas grave on va trouver un hôtel on trouvera une solution demain, mais j'insiste, on doit prendre ce train. Un responsable vient voir le contrôleur, et au moment où siffle le départ du train il nous fait monter. Le soulagement ! Soulagement de courte durée car on ne sait pas encore ce qui nous attend 😅
Bien-sûr je vais devoir payer le double des billets déjà payés, mais nous sommes en Ouzbékistan et le prix d'un billet de train est tout de même moins important qu'en France. On découvre le train ouzbek et la classe économique : un wagon dortoir, pas de cabine, et des gens qui nous dévisagent avec nos gros sacs à dos. Comme il n'y a plus de place, on nous a installé dans les cabines des contrôleurs : les lits sont divisés par 2 en longueur comme en largeur des lits du dortoir qui ont l'air tout de même confortables. Kymia et Milan sont envoyés dans le wagon suivant, ils n'auront pas droit à des draps ni à la clim. Je partage mon lit avec Billie, nouvelle expérience débloquée dormir sur 30 cm de largeur !

Je n'ai pas assez de Soum, la monnaie ouzbek, je complète avec un billet de 10 euros que le contrôleur scrute à la lumière comme si c'était un faux 😂 j'avais trop envie de lui dire mais mec qu'est ce que tu nous fait !! Chez toi on est millionnaire pour 68€, tous tes billets de banque sont gribouillés et tu oses soupçonner que mon billet est un faux ? Allez arrête ton char Genghis Khan ! Mais bon j'ai rien dit, déjà parce que je ne sais pas dire tout ça en ouzbek, et qu'il ne parle pas anglais (et que de toute façon je n'aurai jamais su dire ça en anglais) et que je n'avais pas trop envie de tester les conditions d'incarcération ouzbek.

2h30 on s'endort enfin après cette journée interminable.
10h30 arrivée Kokand. Nous voilà dans une toute autre région de l'Ouzbékistan, la vallée de Ferghana, région la plus fertile du pays et terre ancestrale de savoir-faire et d'artisans.


On a passé une courte et sale nuit mais on va faire un petit tour au palais du Khan de Kokand. Avec ses 7 cours et ses 114 pièces, il comportait également un harem qui abritait les 43 concubines de Khoudayar Khan !



On part manger dans un resto qui attire une clientèle familiale. Il y a une aire de jeux digne d'un parc d'attraction, Billie est ravie.

On repart à la gare récupérer nos bagages pour partir à notre hôtel dans la ville voisine à 1h de route. Le premier taxi ne veut pas nous y emmener : il nous dit qu'il n'est pas couvert au delà de 100 km. Ça tombe bien la ville est à 72 km 🤣 heureusement pour nous, nous sommes aidés par un policier de la gare qui nous partage son wifi, ça nous permet de nous traduire ce que l'on se dit.

Il fait maintenant 42 degrés à l'ombre, le prochain train est à 22h30, la taxi ne veut pas nous y emmener ; notre ami policier appelle un ami qui ne fait pas de chichi et nous embarque. Ici ce n'est pas le Maroc : en Ouzbékistan il n'y a que des Chevrolet 5 places. On s'entasse donc à 4 à l'arrière depuis le début du séjour....et on fait route vers Marguilan.

Sur la route, le chauffeur nous fait la surprise de faire un petit détour par Rishtan, ville renommée pour ses poteries vertes et bleues cobalt. On devait y dormir, chez un potier mais celui-ci a subitement arrêté de répondre à nos échanges. Je m'étais résigné et avait abandonné l'idée d'y passer. Mais donc le gentil chauffeur de taxi a dû lire dans mes pensées et nous y a emmené, dans un petit centre où plusieurs artisans y travaillaient. On dit que l'argile locale est si pure qu'aucun additif autre que l'eau n'est nécessaire pour la travailler ! Dans nos sacs à dos déjà bien remplis nous trouvons une petite place pour quicher (mot de sudiste) 4 jolies petites tasses à café dans lesquelles nous boirons notre seum d'être rentrés dans quelques semaines !


Arrivés à Marguilan, nous tombons sur un logeur qui nous lavera nos 10 kg de linge sale, nous orientera vers un resto sympa et préparera notre trajet du lendemain.
Lendemain matin, on ne peut pas quitter la ville sans visiter ce qui fait sa renommée : une usine de soie. Nous optons pour un petit atelier familial où un fils parfaitement anglophone, c'est suffisamment rare en Ouzbékistan pour le souligner, nous expliquera tout le processus. Passionnant !
Savez-vous qu'un cocon de soie femelle (car évidemment c'est toujours les femmes qui bossent le plus !!) peut faire plus de 3 km ? C'est fou !





Retour à l'hôtel pour récupérer le linge sec et refaire les sacs. Notre chauffeur arrive ; il doit nous emmener à Khanabad, ville frontalière du Kirghizistan et nous trouver un hôtel sur place.
Disons-le clairement, c'est le pire trajet depuis le début de notre voyage. On pensait que le trajet en train de nuit était en haut de l'échelle de Richter des pires trajets mais ces 2h en taxi l'a surpassé ! Au moment de partir, le chauffeur nous dit que mince, la clim est tombée en panne justement ce matin ! On va serrer les dents et s'entasser à 4 sous 42 degrés pendant 2 heures. Apparemment sa capacité d'anticipation est aussi tombée en panne ce matin car ses freinages brutaux et successifs nous mettent les nerfs à rude épreuve.
Au bout d'un moment, il ne sait plus où aller, il demande son chemin aux gens, on le sent énervé parce qu'en fait il ne connait pas la route, puis il finit par me passer son téléphone ?? En fait il veut renégocier le prix du trajet avec le logeur de l'hôtel parce que "c'est trop long". Délire le mec !! On reste ferme, il nous jette dans un hôtel en entrée de ville, la famille très certainement russe qui nous reçoit n'est pas vraiment accueillante.
De manière générale, il faut bien le dire, nous n'avons pas du tout trouvé les ouzbeks chaleureux et accueillants. Pas du tout souriants, nombre d'entre eux ne répondaient même pas à nos bonjours. Damien qui a toujours foi en l'humain me dit que c'est la barrière de la langue ; moi qui n'aime pas les gens pense bien autre chose.
Le pays regorge de merveilles architecturales, certes, mais nos rencontres avec les ouzbeks ont été franchement mitigées. Nous étions dans des endroits touristiques pour la plupart, donc difficile de rencontrer des ouzbeks dans un autre cadre que touristique. Mais tout de même, on reste sur notre faim, surtout en comparaison de la chaleur et de l'hospitalité tadjike.

Pour notre dernière soirée, nous allons dans un restaurant au bord d'une autoroute ; pas sexy mais après cette journée fatiguante et contrariante nous ne chercherons pas plus loin.

C'était bon, mais encore une fois au moment de payer on découvre un prix différent, et impossible de se faire comprendre.


Allez, demain nous passons une nouvelle frontière pour une aventure totalement différente ; finies les villes, nous allons découvrir les grands espaces !
Notre vidéo de l'Ouzbékistan ici :
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